Il y a 25 ans, lorsque Séverine Bekier a fait ses premiers pas dans la profession de psychomotricien, les troubles des apprentissages étaient peu connus et les réseaux de suivi n’existaient quasiment pas. Les enfants avec un handicap ou en échec scolaire étaient presque systématiquement mis à l’écart d’une scolarité normale.
Séverine se spécialise très tôt auprès des enfants au développement atypique. Jeune professionnelle passionnée et engagée, elle s’intéresse particulièrement aux difficultés d’apprentissage et instaure, dans le service de pédiatrie qu’elle a rejoint, le principe de diagnostic précoce et de prise en charge coordonnée qui fera par la suite référence en France.
Progressivement, les connaissances se développent, les mentalités évoluent et le vocabulaire se précise. On parle désormais de troubles des apprentissages qui se révèlent être un trouble du neuro-développement empêchant ou entravant des enfants pourtant intelligents, sans difficulté psychologique, sociale ou culturelle, à apprendre à lire (dyslexie), à écrire (dysgraphie), à maitriser leurs gestes (dyspraxie ou troubles acquisition des coordinations TAC) ou encore à se concentrer (troubles du déficit de l’attention avec/sans hyperactivité ou TDAH) normalement. Autrefois exclus, les enfants concernés sont quasiment systématiquement maintenus dans des scolarités ordinaires, sauf cas de handicap très lourd. Les professionnels se coordonnent pour les accompagner dans leurs spécificités. Désormais, le psychomotricien est reconnu comme partie prenante de la prise en charge : depuis 2014, son intervention est recommandée par la HAS.
À présent installée en libéral, Séverine reçoit en consultation ces enfants en souffrance, souvent prisonniers d’une spirale infernale : mauvaises notes, réprimandes, dévalorisation, exclusion… Ils sont aujourd’hui statistiquement au moins deux à trois par classe. Son défi : permettre à l’enfant d’acquérir une maitrise de son corps pour gagner progressivement en autonomie, et ce dans toutes les sphères de sa vie (scolaire, familiale, sociale ou encore sportive).
Après un bilan psychomoteur, Séverine met en place un projet thérapeutique adapté. Au cours des séances, elle utilise des stratégies de stimulation perceptivo-motrice pour soutenir les apprentissages scolaires de l’enfant ainsi que son développement cognitif, social et affectif. Elle lui donne des clefs pour organiser ses connaissances, réguler ses émotions, exercer du contrôle sur son comportement afin de l’aider à mettre en place les mécanismes de contrôle qui lui font défaut. L’enfant a du mal à structurer une action dans le temps ? C’est peut-être tout simplement qu’il n’arrive pas à se représenter le temps qui passe. Séverine utilise alors un « timer » pour l’aider à visualiser le temps imparti, et tant qu’il y a une zone rouge sur le « timer », l’enfant doit poursuivre son activité. Une difficulté à rester concentré ? Elle fractionne les activités : au lieu de 30 minutes, l’enfant va disposer de 3×10 minutes, sans oublier des petites pauses pour lui permettre de se ressourcer ! Elle s’assure que l’enfant intègre corporellement ces stratégies en veillant à construire des séances ludiques pour qu’il soit dans le plaisir et non dans la contrainte. Séverine intègre les parents dans ce projet afin qu’ils puissent reproduire à la maison certains exercices et propositions faits en séance.
Séverine travaille au quotidien dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire. À ses côtés : médecin prescripteur (qu’il soit généraliste, pédiatre ou neuropédiatre), pédopsychiatre, psychiatre, psychologue ou neuropsychologue, orthophoniste et même parfois kinésithérapeute quand des troubles moteurs sont associés. Cette prise en charge coordonnée offre un regard complet sur la façon dont fonctionne l’enfant. Autre interlocuteur privilégié : l’école, car les enseignants veulent désormais mieux comprendre pour mieux accompagner lorsque la manière habituelle de faire ne correspond pas à un enfant.
Séverine est titulaire du Diplôme d’État de Psychomotricien, de deux diplômes universitaires en neuropsychologie, du double diplôme du Titre d’Expert en psychomotricité – Máster Internacional en Psicomotricidad* de l’ISRP, et réalise actuellement un doctorat dans le champ de l’éducation spécifique et adaptée (« Éducation, carriérologie et éthique ») à l’UCO d’Angers en partenariat avec un PhD en éducation à l’Université de Sherbrooke, au Québec. Elle intervient en clinique et en recherche au sein de l’ARDP, l’Association pour la Recherche et le Développement Psychomoteur. Menant de front pratique, recherche, enseignement et accompagnement des étudiants, Séverine est régulièrement consultée en tant qu’Experte dans le cadre de groupes de travail de la HAS. Psychomotricienne reconnue, elle intervient depuis 20 ans comme enseignante à l’ISRP.
*Le Máster Internacional en Psicomotricidad (MIP) est un diplôme co-délivré par l’ISRP et l’Université de Murcia (Espagne) dans le cadre des traités européens. Il ouvre la voie vers un cursus universitaire, à un niveau Doctorat par exemple. Le Titre d’Expert en psychomotricité (TE) est un titre professionnel reconnu par l’État français (RNCP Niveau I) offrant de nouvelles perspectives professionnelles.