Sandy Guillaume découvre la profession de Psychomotricien l’année de son bac, en 1997. Attirée par l’aide aux plus fragiles, elle décide d’en faire son métier. Après quelques tentatives, elle réussit le concours d’entrée à la Salpêtrière et sort deuxième de sa promotion. Diplôme d’État de Psychomotricien en poche, Sandy se fait recruter dans les trois structures où elle a réalisé ses stages. Elle intervient ainsi auprès d’une population variée, mais c’est la gériatrie qui l’attire.
« À mes débuts, la profession n’était pas encore reconnue en gériatrie comme elle le deviendra, à partir de 2008, avec le Plan Alzheimer. Notre entrée s’effectuait alors essentiellement par la relaxation », se souvient Sandy. Au commencement, c’est difficile, car les équipes définissent mal son rôle. « J’ai pris le temps de leur expliquer mon métier et ma spécificité, dans un objectif commun », souligne-t-elle.
Sandy se perfectionne en soins palliatifs au sein de l’hôpital gériatrique. Au fil des années, elle s’impose dans la structure et intervient dans toutes les unités : en SSR (Soins de Suite et de Réadaptation), en CSG (Court Séjour Gériatrique) et en UCC (Unité Cognitivo-Comportementale). Elle intervient également au sein de l’EHPAD adossé à l’hôpital, en UHR (Unité d’Hébergement Renforcée) et au sein du PASA (Pôle d’Activités et de Soins Adaptés) où elle coordonne des ateliers thérapeutiques.
D’être aujourd’hui reconnue dans le traitement des post-chutes demeure une de ses plus grandes victoires. « J’ai travaillé avec des kinésithérapeutes en difficulté face à des patients qui ne comprenaient pas leurs consignes ! Ils ont compris avec ces échanges interprofessionnels, que je pouvais les aider. Le corps des patients se fragilise et se désorganise sur le plan psychocorporel, puis vient la chute… Une approche globalisante de la personne aide à surmonter ce traumatisme », confie-t-elle. Aujourd’hui, c’est elle qui reçoit en première intention ce type de patients. Elle écrit d’ailleurs un mémoire sur le sujet dans le cadre du Máster Internacional en Psicomotricidad (MIP) entrepris à l’Institut Supérieur de Rééducation Psychomotrice (ISRP).
Profession Psychomotricien et gériatrie
Le Plan Alzheimer lancé en 2008 par la HAS (Haute Autorité de Santé) reconnaît le rôle primordial du Psychomotricien dans la prise en charge des patients. La profession devient incontournable, et intervient désormais auprès d’un large panel de troubles : angoisses, troubles du comportement, douleurs, troubles du schéma corporel, troubles alimentaires, déambulations, etc. Outre les troubles spécifiques, le Psychomotricien intervient pour toutes les pathologies impactant l’autonomie et la qualité de vie comme la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou les AVC.
« Les personnes atteintes d’Alzheimer souffrent de pertes de repères et de mémoire, mais conservent une mémoire corporelle. Les personnes dites « douloureuses”, dont font partie les patients atteints de la maladie de Parkinson, se représentent une image trouble de leur corps. J’interviens alors sur le schéma corporel, au travers notamment de la relaxation, pour les aider à retrouver la conscience d’un corps “plaisir” qu’elles croyaient mort », poursuit-elle.
L’intervention du Psychomotricien vise le maintien des capacités motrices, cognitives et relationnelles du patient afin de l’aider à rester autonome le plus longtemps possible. Sur prescription médicale, le Psychomotricien commence par réaliser un EGP (Examen Géronto-Psychomoteur) pour évaluer les déficits, les domaines préservés et les moyens de compensation. À partir de là, il propose une prise en charge adaptée basée sur les compétences préservées du patient, son histoire, ses besoins et ses envies.
« J’ai eu l’opportunité de travailler avec un chien d’accompagnement social de la structure pour une personne qui souffrait de problèmes d’équilibre à la suite d’une chute. Je savais qu’elle aimait les chiens, jouer avec eux, les caresser. Elle est arrivée à la séance en fauteuil roulant, incapable de se relever. Elle est repartie en déambulateur ! », se souvient la psychomotricienne. Agir sur le tonus musculaire par le biais de l’affectif permet d’obtenir des résultats plus rapides.
Un maître mot : la pluridisciplinarité
En gériatrie, le Psychomotricien travaille avec l’équipe de rééducation (kinésithérapeutes, ergothérapeutes, EAPA [Enseignant d’Activité Physique Adaptée]), les personnels soignants, les psychologues et les médecins qui se réunissent régulièrement pour faire le point sur chaque patient.
En 2016, Sandy Guillaume obtient le double diplôme du MIP/TE[1]. Depuis, elle est devenue coordinatrice de l’équipe de rééducation de l’EHPAD, formatrice sur le centre hospitalier, et intervient au sein de la formation continue de l’ISRP sur la prévention de la chute en gériatrie et les soins palliatifs.
Chaque jour, les psychomotriciens font bouger les lignes de la santé, à tous les âges de la vie.
[1] À l’ISRP, les titulaires du DE de psychomotricien peuvent suivre le double cursus du MIP (Máster Internacional en Psicomotricidad) et du TE (Titre d’Expert en psychomotricité). Le MIP est délivré par l’ISRP et l’Université de Murcia (Espagne) dans le cadre des traités européens. Il ouvre la voie vers un cursus universitaire, à un niveau Doctorat par exemple. Le TE, titre professionnel à référentiel européen reconnu par l’État français (RNCP en Niveau 7 des nomenclatures française et européenne) offre de nouvelles perspectives professionnelles.